Sur un pan de mur de la petite maison de Breuillet (Essonne), le joli sourire de Camille s’affiche en huit exemplaires. À l’été 2009, la fillette de 6 ans avait joué à la starlette sur une plage du Var. Un « beau souvenir de vacances », commente sa maman, la voix enrouée. C’était deux mois avant le drame. Le 24 septembre de la même année, l’enfant a été admise à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre pour une opération des voies urinaires. Elle y est décédée d’une septicémie cinq jours plus tard. Un chirurgien, une anesthésiste et l’établissement hospitalier en tant que personne morale comparaissent ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Créteil pour homicide involontaire « par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ».

Monique Lacroix, la maman de Camille, l’affirme avec violence : « Ma fille n’a eu aucune chance. » La veille de l’opération, une analyse d’urines avait été réalisée, montrant que l’enfant souffrait d’une infection urinaire. Selon la maman et son avocate, Me Bénédicte Papin, l’opération aurait dû être reportée, sauf que personne n’est allé consulter ces résultats. Après l’intervention, l’état de Camille a rapidement commencé à se dégrader. Et il y a eu de la « négligence complète de la part de l’hôpital et des médecins », d’après Monique Lacroix qui dit avoir frappé à toutes les portes sans que l’état de sa fille ne soit pris au sérieux. « Dans la nuit, elle a vomi du sang. On m’a dit que c’était du chocolat alors qu’elle n’en avait pas mangé », s’indigne-t-elle. La veille du décès, un traitement antibiotique est finalement prescrit mais il est déjà trop tard.

Près de sept ans après le décès, la famille fait difficilement face. « J’ai fait une grave dépression, j’étais une larve. Mais je me suis dit : pour mon fils (NDLR : aujourd’hui âgé de 15 ans), il faut que je me réveille, je ne peux pas rester comme ça, explique-t-elle. Mais on n’oublie pas. Et on attendait le procès avec impatience, pour que notre Pépette soit vengée. Et pour que ça n’arrive plus. »

Le chirurgien mis en cause, aujourd’hui à la retraite, a reconnu ses torts durant l’instruction. Ce n’est pas le cas de l’anesthésiste. « J’aimerais qu’elle n’exerce plus non plus », demande la mère de la victime. Mais pour Me Philip Cohen, qui défend l’anesthésiste, plusieurs questions devront se poser durant l’audience : « Qui aurait dû voir l’examen ? Est-ce que le fait d’être opéré avec des urines infectées induit directement le décès ? La réponse est non », détaille l’avocat.

Du côté de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris, on rappelle que « l’AP-HP a reconnu devant le juge d’instruction sa responsabilité pénale liée à un défaut d’organisation générale, a indemnisé la famille, et a immédiatement pris des mesures correctrices ». À la suite du décès de Camille, « un protocole a été mis en place décrivant précisément les responsabilités de chacun dans la récupération et la vérification des analyses faites avant les opérations. Les personnels ont été formés à l’analyse des signes cliniques de gravité en présence d’un syndrome infectieux chez l’enfant et l’information au sein et entre les équipes a été renforcée.»

 

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